HISTOIRE DE FAMILLE

La création au service de la perfection

« Le besoin ardent de se faire une originalité, contenu dans les limites extérieures
des convenances » (Charles Baudelaire). Tout l’esprit de la maison AAllard est là. Au cœur de Megève, une histoire de famille qui est aussi une quête de la beauté unique et absolue.

En 1926, Armand Allard ouvre un atelier de tailleur sur la place de Megève, dont la réputation se limite alors au bon air des montagnes. Il n’a que 22 ans. Talentueux, il attire aussitôt une nombreuse clientèle dans un village alpin qui allait devenir parmi les plus célèbres du monde. L’histoire d’une réussite ? Non, la naissance d’un mythe, qui est aussi l’épanouissement d’un art. Entre aventure de l’esprit et triomphe de la création, Allard et Megève volent ensemble au-devant du succès. Les deux sont doués pour le bonheur.

Armand Allard à sa table de coupe en 1961.

Les Années Folles portent en elles les germes de demain. En 1930, Armand Allard fait entrer le vêtement de ski dans les temps modernes. D’un crayon aiguisé et d’un trait de génie, il dessine le fuseau : jambes et hanches enveloppées, cheville bien prise, élastique sous le pied. Un pantalon aérodynamique, mais jamais collant, qui favorise la pratique du ski, loisir et compétition confondus. Adieu knickers et pantalons de golf ! L’engouement est d’autant plus vif qu’un champion hors pair se penche sur le berceau de ce vêtement révolutionnaire : le grand Émile Allais. « En 1937 à Chamonix, j’ai eu mes trois titres équipé du fuseau Allard », confiera-t-il plus tard. Armand en coupe plus de mille par an, dont il prend notamment commande chaque automne dans un hôtel parisien. À Megève naît un destin au numéro 148 de la place de l’église.
Avant-gardiste, Armand Allard devance les demandes des nouveaux modes de consommation de l’après-guerre. Ses ciseaux sont d’or et il lit son temps comme une phrase. En 1946, il développe sa collection de « prêt d’avance » et sa ligne de prêt-à-porter exclusive AAllard. Les deux éclairent la silhouette, en même temps qu’elles la reflètent. La griffe s’inscrit désormais dans la durée et la Maison s’agrandit. Au début des années 1950, elle adopte la configuration qu’on lui connaît aujourd’hui.

Julia et Armand dans leur magasin en 1956, entourés de leur personnel.


La boutique est de plus en plus fréquentée, la station de plus en plus convoitée. En 1962, Armand s’éteint. Jean-Paul, son fils aîné, lui succède à l’âge de 19 ans. Avec sa mère, il décide de se consacrer essentiellement au prêt-à-porter de haute qualité et continue de développer des collections exclusives.
Au cours des années 1970, Mme Allard se retire peu à peu de l’affaire familiale. Celle-ci est devenue une véritable institution, une ambassade du luxe et du confort. Un lieu où l’on vient se créer un vestiaire soigneusement coupé dans les plus belles matières. Pour Jean-Paul, un vêtement AAllard s’achète place du village, et nulle part ailleurs. Il reste fidèle à Megève, dont il partage les valeurs immuables. Avec sa femme Sylvie, il poursuit son chemin comme on accomplit une œuvre, cultivant le luxe avec autant d’exigence que d’originalité. Parvenu au sommet, il ouvre une boutique d’accessoires à quelques pas de l’adresse originelle. Elle est dédiée à la maroquinerie, la bagagerie les chapeaux, les foulards, les gants…
Le succès est immédiat.

Avec l’arrivée d’Antoine à l’orée du troisième millénaire, souffle un vent de jeunesse et de continuité car le petit-fils du créateur reste fidèle à la philosophie de la Maison : « Tout ce que l’on propose chez AAllard ne se trouve nulle part ailleurs. » Il ne travaille qu’avec des entreprises artisanales proches, privilégie les matières nobles, soigne chaque détail. Il entretient aussi un rapport unique avec sa clientèle, fait d’une confiance teintée d’une complicité bien élevée. Point d’ancrage de la station, sa boutique est un hymne à l’élégance et à la perfection.
Il en revoit l’agencement en 2012, soucieux d’être au rendez-vous d’aujourd’hui. Pari gagné, les clients et les amis de la Maison plébiscitent la nouvelle boutique.
Naît alors un univers résolument contemporain, mais dont la mémoire n’est jamais absente.


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